vendredi 6 novembre 2009

Un lieu empli de vie

La Serbie est un pays de fleuves, sur les bords desquels naquit un grand nombre de habitations et de villes, et ceci depuis la nuit des temps. Une des citadelles qui, comme celle de Belgrade deviendra le berceau de la ville est celle de Niš... dont les origines se perdent dans les premiers siècles de notre ère… c'était peut être d'abord une habitation d'une tribu celtique… ou d'autre tribu païenne, avant qu'y viennent les Romains qui s'y établiront en créant de Naissus l'essence même de ce qu'est la ville d'aujourd'hui. Naissus, la ville militaire qui fera naître dans son sein beaucoup de personnalités dont bien sur, le plus célèbre, l'Empereur Constantin, le même qui accepta la chrétienté, et dont la maison (ou bien ce que les architectes pensent être sa maison) se trouve de l'autre côté de la forteresse.

Bien sur, il reste peu des restes romains aujourd'hui. Après bien d'années d'insécurité les Turcs vinrent par ici, qui construirent et détruisirent les lieux plein de fois, avant de faire la forteresse à leur mesure, telle qu'elle reste aujourd'hui.

Ce qu'on remarque d'abord, quand il s'agît de la forteresse de Nis, c'est sa position et la vivacité qui l'entoure. Bien que érigée sur la rivière comme Kalemegdan à Belgrade, son entrée est directement à côté de l'eau, fait qui parle beaucoup de l'utilité de cet endroit pour ses habitants, qui pouvaient aussi bien se fournir que perpétuer toutes sortes de commerces (l'on peut encore voir, le long de la route qui longe la forteresse, les restes du mur vraisemblablement romain qui protégea la forteresse des crues). La forteresse (et ses entrées) n'est pas posée en hauteur (ce qui semble être le cas de la plupart des forteresses médiévales dans le coin), et pourtant ses éléments défensifs, bien que plus bas que d'ordinaire semblent quand même très efficaces. Ce qui est également intéressant, c'est le pont, très joli pont, amical aussi bien pour les voitures que pour les piétons et menant directement vers l'entrée principale, bien que le trafic y est quand même et toujours assez important. Il y a dans cette approche quelquechose de ce qu'on ressent quand on se balade sur le Pont Neuf à Paris et quelquechose de la rue Tadeusza Kostjuska qui longe Kalemegdan à Belgrade: la seule différence réside dans la pierre centenaire qui s'élève devant les yeux au lieu de la verdure.

Que la forteresse de Nis représente également son cœur, ça m'a tout de suite semblé être une évidence… peut être parce qu'aucun des jours de mon séjour à Nis ne s'est pas passé sans un passage, même bref… le premier pot que j'ai pris c'était parmi ses murs, la première balade du soir aussi. C'est ici que j'ai également remarqué la première différence entre les forteresses de Belgrade et de Nis, bien que; entre nous soit dit, il est assez stupide de parler des différences, vu que chacune est spécifique à sa manière… - la belgradoise est d'abord un parc, celle de Nis… bien plus que ça.

Le premier pas sous le portail très simplement décoré, une fois passé le couloir en forme d'arche, découvre un monde tout à fait différent de ce qu'on a laissé derrière nous. A gauche, c'est le hammam, l'arsenal et les restes des bains romains… cachés par de petits cafés. Cela pourrait être même choquant s'ils n'étaient pas emboîtés dans l'ambiance de telle manière que si demain ils devaient disparaître, tout semblerait comme s'il n'y avait jamais rien eu d'autre à part les murailles historiques. Sur votre droite, à partir de la grande porte, et en longeant le mur principal et massif, nous arrivons jusqu'à l'amphithéâtre où sont tenus les célèbres Rencontres cinématographiques de Nis, ainsi que les rencontres des chorales… fameuses aussi grâce aux propriétés acoustiques du lieu. J'imagine qu'il y avait avant un vrai amphithéâtre, connaissant la spécialité des Romains et de leur art de construire, un amphithéâtre sur les fondations duquel fut construit celui-ci, utilisé aujourd'hui.

Enfin, en revenant vers la porte principale, il y a le chemin qui mène vers le haut, où passent les petits trains touristiques, passant à côté de la galerie de la faculté des arts (si mes souvenirs sont bons – il y avait une expo inspirée de Dali quand j'y étais) et d'une boutique de souvenirs, allant vers la partie de la forteresse transformée en parc. Ici aussi, un sentiment familier, une émotion submerge le promeneur… même venant pour la première fois. La mosquée de Bali-beg qui est du moins en partie inspirée par l'art byzantin (j'en suis persuadée en regardant la façon dont les coupoles d'entrée ont été réalisées), les restes des édifices romains qui se trouvent juste à côté. On y trouve également le Lapidarium, en fait une espèce de cercle où se trouvent les stèles funéraires romaines… un reste touchant d'un autre temps, caché parmi les arbres. Je suis revenue plusieurs fois pour admirer ces monuments qui parlent aussi bien aux connaisseurs qu'aux personnes non instruites…: des restes de caveaux familiaux, de sépultures de Patricii…

La forteresse de Nis héberge également l'Archive de la ville, et un peu plus loin, tout près de l'ancienne prison, réside un vrai petit trésor qu'on ne peut plus voir très souvent… les armoiries, le symbole de l'ancienne RFSY, vraisemblablement celui qui ornait la façade de l'université "Banovina". Se retrouver devant un tel "reste" de l'ancien grand état multiethnique est pour de moins touchant et… bizarre, même hors du temps. Bizarre, car on a l'impression qu'une grande main s'était chargée de poser ce symbole juste là, pour qu'il illumine la verdure de sa blancheur, sachant que c'est peut être la seule chose ici, une seule preuve matérielle, que cette ancienne Yougoslavie existait … une fois, il y a très longtemps de ça déjà. J'explique à mon enfant ce que ce symbole veut dire, avant d'être coupée par le son de l'avion, qui nous fait continuer notre visite. A proximité se trouve une caserne et des soldats y apprennent entre autres de faire du parachutisme, alors l'avion fait tomber plein de petits parachutes que mon fils tente de compter.

C'est justement ici, en traversant l'autre pont, celui en bois, que se trouve le lieu qui vit naître le grand Constantin. Des ruines un peu tristes, semblant presqu'oubliées, et pourtant il n'y a pas d'ordures. Bien qu'il n'y a apparemment pas d'argent pour la conservation, les habitants de Nis respectent ce lieu et l'entretiennent, et du coup, je n'ai vu ni détritus ni papiers. Quelle différence par rapport au parc de Cair que j'ai visité quelques jours plus tard et qui m'a assez déçue avec ses quantités d'ordures et de graffitis! Mais … parlons de ça une autre fois, restons pour le moment sur le lieu qui est la fierté de la ville de Nis… et pour cause.

En longeant les murailles, nous revenons en arrière et arrivons sur une espéce de clairière derrière la mosquée. C'est ici qu'est organisé le fameux Nishville, peut être le festival le plus célèbre que cette ville peut proposer à ses citoyens et ses visiteurs étrangers, qui viennent, chaque année en nombre de plus en plus important. Parlant de Nishville, ma première visite de la forteresse "tombait" juste après la clôture du festival, et ce qui m'a vraiment troublée, c'est le manque de papiers, de cannettes, même d'infime petit truc qui ne serait pas à sa place! Même pas une poubelle pleine! Rien! Les employés, les services municipaux, la ville, tout semble tourné vers l'entretien de ce lieu avec tellement d'attention qu'on s'imaginerait presqu'en train de manger son sandwich à même le sol! Fascinant… De même, les travaux sur les tribunes et la scène qu'il fallait faire disparaître, semblaient se dérouler de manière à ne pas trop endommager la végétation des alentours… Sans parler que je n'ai pas vu un seul graffiti sur les murs, les pierres, les monuments… la pierre est propre et brillerait presque; chose étonnante quand on sait que cette forteresse vit jour et nuit, sachant qu'il s'agît d'un des lieux préférés pour les sorties, du moins en été.

Faut bien le dire. Je suis tombée amoureuse de la forteresse de Nis. Tombée amoureuse de ses cafés, de son relai des montagnards qui en plus des tables toutes simples propose une vie imprenable sur la ville. Tombée amoureuse du pont qui mène à la forteresse et les rochers recouverts d'écume nacrée de la rivière Nisava. Je suis tombée amoureuse d'une forteresse qui n'est pas seulement un bijou destiné à décorer la ville, n'est pas qu'un ensemble de jolies murailles et d'édifices décorés, n'est pas qu'un parc. C'est, du moins c'est l'impression que j'ai eue, l'âme même de la ville, son cœur qui vit à son rythme, qui, lui, dirige la vie de tous les citoyens. A partir du premier regard sur ses murailles depuis la station de bus, en passant par la porte éclairée de façon merveilleuse la nuit, en passant par le pont décoré de fleurs, tout, même le quai d'en face et les bâtiments qui y sont construits semblent érigés en symphonie avec la forteresse.

Même si vous le souhaitez, vous ne pouvez pas passer à côté de la Forteresse. Mais de grâce, ne passez pas à côté. Passez son portail et son couloir en arc, prenez un moment pour boire un pot ou bien méditez entourés de verdure de son parc… car chaque minute sur ce lieu vaut de l'or.

Un pense-bête historique (plutôt) sinistre

Mon voyage à Nis ne pouvait aucunement se passer sans la visite de quelquechose qui est, selon toute vraisemblance, le seul monument de ce type dans le monde. Bien sur, il y a des ossuaires partout, comme par exemple celui des catacombes parisiennes, qui ont été partiellement utilisées comme cimetière (suite au manque de la place, mortalité trop nombreuse, peut être même besoin de déménager certaines parties de Paris pour faire place à de nouveaux bâtiments?)… avec bénédiction bien sur. De similaires ossuaires peuvent être trouvés dans d'autres parties du monde encore, ce qui fait que voir des os et des crânes empilés les uns sur les autres n'est pas vraiment une grosse surprise. Mais visiter la Ćele-kula (Тоur des Crânes), la comprendre dans le contexte des évènements historiques, et comprendre ainsi la vocation de cette tour… fait de cet endroit un endroit affreux… et unique dans le monde.

L'histoire commence bien dans le passé, bien que, plus je vieillis, plus ce 19ème siècle ne me paraît pas aussi lointain comme quand j'étais élève et quand mes guerres des Balkans, les soulèvements contre les Ottomans et autres histoires guerrières me semblaient plutôt faits pour me faire perdre du temps. Il est peut être nécessaire de grandir, comprendre la fonction et la valeur de l'histoire, comprendre qu'une chose fait venir une autre, et que du coup, peut être on n'y serait pas là, dans ce contexte et sur cette terre, si quelquechose, dans le temps ne s'était pas produit.

Ainsi, nous savons que la Serbie fut occupée pendant de longs cinq siècles par les Turcs, cinq siècles faisant arrêter plein de choses… faisant venir une sorte de noir "médiatique", dans lequel que quelques petits points brillants pointaient (quelques constructions de monastères par exemple). Et c'est vrai! Avant les Ottomans nous découvrons les villes-citadelles, les constructions d'inspiration byzantine, la naissance du style Moravique, style si spécifique de l'architecture médiévale serbe… et une fois que les Ottomans arrivent, c'est comme si dans les livres d'histoire le monde s'était arrêté, gelé dans le temps et l'espace. Du coup, en lisant l'histoire, même les années deviennent très confuses… on découvre quelques rois, princes et héros qui apparaissent ça et là, et pourtant quand on regarde de plus près et de façon chronologique, nous comprenons que ce ne sont que des îlots dans l'Empire Ottoman – dont la fin s'annonce petit à petit avec les évènements dont certains liés étroitement avec cette Tour de Crânes que l'on connaît aujourd'hui.

En fait, même si cela ne va aucunement désigner la fin du règne Turc, c'est en 1809 qu'un affrontement a eu lieu entre les troupes serbes, avec leur commandant (voïvoda) Stevan Sindjelic (immortalisé dans une chanson patriotique) et l'armée turque. Les affrontements duraient un petit moment sur le mont de Čegar (Tchegar), quand le commandant Sindjelic comprit que la situation est sans issue et que son armée sera battue. Préférant largement la mort en combat aux longues tortures que les Ottomans réservaient aux prisonniers, il décida de faire exploser toutes leurs réserves de poudre, en faisant sauter non seulement ses propres soldats et soi-même mais en emportant également avec eux un nombre important de soldats ennemis. Ce qui suivra est, tout simplement sans précédent dans l'histoire, bien que les Ottomans étaient assez connus pour des pratiques plutôt sévères avec leurs ennemis (rappelons nous des gens empalés etc…): le Hursid-Pasha, ordonna alors qu'on récupère tous les corps des soldats serbes, qu'on les décapite, et que l'on fasse une tour, en se servant des têtes comme matériel au lieu des briques ou des pierres. Pour que ça soit encore plus effrayant, les visages (peaux et cheveux) furent enlevés et empaillés pour être envoyés à Istanboul comme souvenirs de guerre!!! Et voilà, j'écris ces mots… et même après avoir vu tout ça, je n'arrive pas à comprendre comment fonctionne l'esprit humain et comment ça se fait que l'humain soit aussi inventif quand il s'agît de faire mal à autrui!!!

Et comme le disait le gardien de ce lieu… c'est assez surprenant de les voir aujourd'hui ces crânes… mais on ne peut qu'imaginer quelles émotions soulevaient ces têtes de proches, de pères, frères ou maris… comment cela affectait le peuple occupé… faisant naître la peur qui, en quelque sorte, donnera raison à cette tour… vu que la fin des affrontements fut quand même repoussée. Pas pour longtemps, comme on peut le voir à la fin du XIXème siècle, quand l'état fut définitivement instauré.
La tour des Crânes fut longuement exposée au temps et les changements climatiques, ouverte et à portée de main de chacun. L'on le voit surtout aujourd'hui, car un bon nombre de crânes disparut; certains se désintégrèrent, certains furent volés, d'autres encore furent récupérés par des cousins et enterrés "comme il se doit". Ainsi, au lieu des neuf cent crânes et des poussières, il y en a, aujourd'hui, que cinquante, ce qui a du être une des raisons de la construction de la chapelle qui va l'entourer une fois pour toutes. Et voilà… beaucoup d'années après la construction de la tour, qui se trouve à seulement quelques pas de l'hôpital militaire, et qu'on approche soit en passant par un petit square fleuri, soit en empruntant un petit pont en bois suivi d'une alée également fleurie, une chapelle a été construite, chapelle qui a failli nous faire passer à côté de cette attraction, et partir je ne sais où! Oh… il ne faut pas en rire: tous les livres et les documents que j'ai pu voir ou lire, ne montraient que le mur avec les crânes… et du coup c'était exactement ce que je m'attendais à voir… je n'avais pas pensé une seconde qu'une tour pourrait être à l'intérieur d'une autre batisse!



Et voilà. Même si l'accès est très très facile (il faut prendre n'importe quel bus avec départ du centre ville et en allant vers le site archéologique Medijana et Niška banja, et descendre chez la "Vojna bolnica" (lire voyna bolnitsa – hôpital militaire), il faut surtout penser d'aller à la boutique des souvenirs (c'est là qu'on montre ou achète nos tickets de toute façon), puis prendre le petit pont en bois … sinon vous risquez de passer à côté, sans même savoir que vous avez raté le truc! Ce qui ajoute un peu à la confusion, ce sont également les couleurs pastel de la chapelle (bien qu'elle est très jolie, faut le dire)… Bien sur, une fois que vous aurez visité la tour vous l'accepterez tel quel, mais la première fois c'est un peu bizarre, surtout que pour moi, la couleur pèche en combinaison avec du blanc ne se marient pas forcément bien avec la grisaille horrifique des crânes et du béton avec lequel ils ont été attachés à tout jamais. De la pierre serait peut être un meilleur choix… mais… finalement je m'arrête sur des détails plutôt sans beaucoup d'importance

La Ćele-kula appartient également au Musée National de la ville de Niš, ce qui fait qu'il est possible de la visiter en trio avec deux autres grandes attractions de Niš, le site archéologique Mediana et le camp de concentration "Croix rouge" (qui, contrairement aux deux premières attractions se trouve de l'autre côté de la ville). Le prix du ticked d'entrée est carrément ridicule, surtout si on prend un ticket pour les trois. Le mieux est de visiter la tour en revenant de Mediana, qui demande quand même une visite bien plus longue. Le seul souci, à mon avis est incarné dans le fait qu'il n'y a que 2 stations entre la Médiana et la Tour… et que, si vous ne voulez pas marcher environ un kilomètre et des poussières, il faudra payer le prix entier du billet de bus. A priori, quand il ne fait pas trop chaud ce n'est pas un problème… mais quand on y a été… il faisait 40 degrès et du coup… le choix du bus s'est imposé.

Si déjà nous parlons de l'argent il faut bien mentionner le contenu de la boutique de souvenirs (qui n'existe qu'à côté de la Tour), et qui propose un joli choix, allant de dépliants très utiles et bien illustrés, jusqu'à des livres très complets et sérieux. Des souvenirs inspirés d'art romain sont très jolis, bien que je trouve dommage qu'on ne puisse pas les trouver sur le site de Médiana… ce qui serait plutôt logique.

Mais revenons à la chapelle et sa tour pleine de crânes à l'intérieur. Comme j'y allais avec mon enfant j'ai préféré lui en parler de façon très détaillée pour le préparer à ce qu'il verra, surtout qu'il n'est pas vraiment sympathique de voir plein de visages déformés et sans yeux. Mais finalement, le gentil gardien a également fait tout pour présenter ce lieu de façon détaillée, en nous expliquant la construction de la tour de façon si simple que du coup, mon fils a tout accepté beaucoup plus naturellement que j'aurais pu l'imaginer. (petit détail: je ne suis pas sure que le monsieur parle une autre langue que le serbe).

La chapelle en elle-même est très petite. Ce qui devait sembler énorme au peuple d'antan, agrandi par la peur, la tristesse et les émotions n'est aujourd'hui qu'un grand mur tout gris, haut comme (à peu près) une maison avec un étage. Un mur plein de trous, parsemé de crânes aux horribles sourires semi édentés, qui dirigent leur regard aveugle vers les visiteurs. Mon fils s'arrête un moment "regarde comme ils sont différents ces crânes…on voit que ce ne sont pas des cousins"… et vraiment! Avec un enfant à côté de soi on a vite fait oublier le but principal de la visite et entrons dans une discussion très riche sur le thème d'anthropologie. De plus, certains crânes sont si petits, on dirait que certains de ces héros n'étaient pas beaucoup plus grands que des enfants… peut être à peine autour de la majorité. Que le monde humain est sans pitié! Et si plein de souvenirs de malheurs et de temps quand périssaient ceux qui devaient construire le futur… un leitmotiv qui se répète et revient toujours… malheureusement.

Dans un coin de la chapelle on peut voir une carte, et l'image représentant le Voïvode Sindjelic. Son crâne est là également, séparé de ceux de ses soldats, et placé sous une espèce de cloche en verre. Pendant un moment je me demande s'il aurait vraiment aimé ça, cet homme qui a préféré largement voler dans les mains de la mort au lieu de lâcher ses soldats, en les abandonnant aux mains des bourreaux ottomans. J'ai nettement l'impression qu'il aurait préféré rester uni avec ses hommes. Pourtant le fait d'être là, à part, c'est logique… ça donne la possibilité aux gens, visiteurs de lui montrer leur respect.

Visiter les murs de la tour ne prend pas beaucoup de temps. Peut être dix minutes, si vous vous permettez un peu de temps pour regarder chaque visage, pour, éventuellement, dire une prière. Mais même si ce qu'on peut y voir semble être horrible, ce n'est pas vraiment le contenu de ces murs qui fait cet effet, mais plutôt le motif des ottomans qui reste gravé dans l'air. J'ai même l'impression que ces crânes sont plus… hum… calmes, plus paisibles, que les murs des cellules pourtant vides du camp de concentration "Croix Rouge". C'est peut être le fait d'avoir érigé une chapelle qui donne à ce lieu cette paix, une paix donnée par la religion et le pardon? Je ne saurais le dire. Une chose est certaine… la Ćele-kula n'est peut être pas l'attraction la plus jolie du monde, mais c'est un lieu qu'il faut visiter.