mardi 1 décembre 2009

La forteresse de Nis - Lapidarium



Les stelles cachées dans le feuillage



Les dessins gravés parlent beaucoup de la (des) personne(s) enterrée(s)



Ici ce sont peut être le seigneur et son epouse...



Détail



Et encore un vase



Comme un petit air de Stonehendge



Stelle funéraire familiale



Stelle familiale, détail

vendredi 6 novembre 2009

Un lieu empli de vie

La Serbie est un pays de fleuves, sur les bords desquels naquit un grand nombre de habitations et de villes, et ceci depuis la nuit des temps. Une des citadelles qui, comme celle de Belgrade deviendra le berceau de la ville est celle de Niš... dont les origines se perdent dans les premiers siècles de notre ère… c'était peut être d'abord une habitation d'une tribu celtique… ou d'autre tribu païenne, avant qu'y viennent les Romains qui s'y établiront en créant de Naissus l'essence même de ce qu'est la ville d'aujourd'hui. Naissus, la ville militaire qui fera naître dans son sein beaucoup de personnalités dont bien sur, le plus célèbre, l'Empereur Constantin, le même qui accepta la chrétienté, et dont la maison (ou bien ce que les architectes pensent être sa maison) se trouve de l'autre côté de la forteresse.

Bien sur, il reste peu des restes romains aujourd'hui. Après bien d'années d'insécurité les Turcs vinrent par ici, qui construirent et détruisirent les lieux plein de fois, avant de faire la forteresse à leur mesure, telle qu'elle reste aujourd'hui.

Ce qu'on remarque d'abord, quand il s'agît de la forteresse de Nis, c'est sa position et la vivacité qui l'entoure. Bien que érigée sur la rivière comme Kalemegdan à Belgrade, son entrée est directement à côté de l'eau, fait qui parle beaucoup de l'utilité de cet endroit pour ses habitants, qui pouvaient aussi bien se fournir que perpétuer toutes sortes de commerces (l'on peut encore voir, le long de la route qui longe la forteresse, les restes du mur vraisemblablement romain qui protégea la forteresse des crues). La forteresse (et ses entrées) n'est pas posée en hauteur (ce qui semble être le cas de la plupart des forteresses médiévales dans le coin), et pourtant ses éléments défensifs, bien que plus bas que d'ordinaire semblent quand même très efficaces. Ce qui est également intéressant, c'est le pont, très joli pont, amical aussi bien pour les voitures que pour les piétons et menant directement vers l'entrée principale, bien que le trafic y est quand même et toujours assez important. Il y a dans cette approche quelquechose de ce qu'on ressent quand on se balade sur le Pont Neuf à Paris et quelquechose de la rue Tadeusza Kostjuska qui longe Kalemegdan à Belgrade: la seule différence réside dans la pierre centenaire qui s'élève devant les yeux au lieu de la verdure.

Que la forteresse de Nis représente également son cœur, ça m'a tout de suite semblé être une évidence… peut être parce qu'aucun des jours de mon séjour à Nis ne s'est pas passé sans un passage, même bref… le premier pot que j'ai pris c'était parmi ses murs, la première balade du soir aussi. C'est ici que j'ai également remarqué la première différence entre les forteresses de Belgrade et de Nis, bien que; entre nous soit dit, il est assez stupide de parler des différences, vu que chacune est spécifique à sa manière… - la belgradoise est d'abord un parc, celle de Nis… bien plus que ça.

Le premier pas sous le portail très simplement décoré, une fois passé le couloir en forme d'arche, découvre un monde tout à fait différent de ce qu'on a laissé derrière nous. A gauche, c'est le hammam, l'arsenal et les restes des bains romains… cachés par de petits cafés. Cela pourrait être même choquant s'ils n'étaient pas emboîtés dans l'ambiance de telle manière que si demain ils devaient disparaître, tout semblerait comme s'il n'y avait jamais rien eu d'autre à part les murailles historiques. Sur votre droite, à partir de la grande porte, et en longeant le mur principal et massif, nous arrivons jusqu'à l'amphithéâtre où sont tenus les célèbres Rencontres cinématographiques de Nis, ainsi que les rencontres des chorales… fameuses aussi grâce aux propriétés acoustiques du lieu. J'imagine qu'il y avait avant un vrai amphithéâtre, connaissant la spécialité des Romains et de leur art de construire, un amphithéâtre sur les fondations duquel fut construit celui-ci, utilisé aujourd'hui.

Enfin, en revenant vers la porte principale, il y a le chemin qui mène vers le haut, où passent les petits trains touristiques, passant à côté de la galerie de la faculté des arts (si mes souvenirs sont bons – il y avait une expo inspirée de Dali quand j'y étais) et d'une boutique de souvenirs, allant vers la partie de la forteresse transformée en parc. Ici aussi, un sentiment familier, une émotion submerge le promeneur… même venant pour la première fois. La mosquée de Bali-beg qui est du moins en partie inspirée par l'art byzantin (j'en suis persuadée en regardant la façon dont les coupoles d'entrée ont été réalisées), les restes des édifices romains qui se trouvent juste à côté. On y trouve également le Lapidarium, en fait une espèce de cercle où se trouvent les stèles funéraires romaines… un reste touchant d'un autre temps, caché parmi les arbres. Je suis revenue plusieurs fois pour admirer ces monuments qui parlent aussi bien aux connaisseurs qu'aux personnes non instruites…: des restes de caveaux familiaux, de sépultures de Patricii…

La forteresse de Nis héberge également l'Archive de la ville, et un peu plus loin, tout près de l'ancienne prison, réside un vrai petit trésor qu'on ne peut plus voir très souvent… les armoiries, le symbole de l'ancienne RFSY, vraisemblablement celui qui ornait la façade de l'université "Banovina". Se retrouver devant un tel "reste" de l'ancien grand état multiethnique est pour de moins touchant et… bizarre, même hors du temps. Bizarre, car on a l'impression qu'une grande main s'était chargée de poser ce symbole juste là, pour qu'il illumine la verdure de sa blancheur, sachant que c'est peut être la seule chose ici, une seule preuve matérielle, que cette ancienne Yougoslavie existait … une fois, il y a très longtemps de ça déjà. J'explique à mon enfant ce que ce symbole veut dire, avant d'être coupée par le son de l'avion, qui nous fait continuer notre visite. A proximité se trouve une caserne et des soldats y apprennent entre autres de faire du parachutisme, alors l'avion fait tomber plein de petits parachutes que mon fils tente de compter.

C'est justement ici, en traversant l'autre pont, celui en bois, que se trouve le lieu qui vit naître le grand Constantin. Des ruines un peu tristes, semblant presqu'oubliées, et pourtant il n'y a pas d'ordures. Bien qu'il n'y a apparemment pas d'argent pour la conservation, les habitants de Nis respectent ce lieu et l'entretiennent, et du coup, je n'ai vu ni détritus ni papiers. Quelle différence par rapport au parc de Cair que j'ai visité quelques jours plus tard et qui m'a assez déçue avec ses quantités d'ordures et de graffitis! Mais … parlons de ça une autre fois, restons pour le moment sur le lieu qui est la fierté de la ville de Nis… et pour cause.

En longeant les murailles, nous revenons en arrière et arrivons sur une espéce de clairière derrière la mosquée. C'est ici qu'est organisé le fameux Nishville, peut être le festival le plus célèbre que cette ville peut proposer à ses citoyens et ses visiteurs étrangers, qui viennent, chaque année en nombre de plus en plus important. Parlant de Nishville, ma première visite de la forteresse "tombait" juste après la clôture du festival, et ce qui m'a vraiment troublée, c'est le manque de papiers, de cannettes, même d'infime petit truc qui ne serait pas à sa place! Même pas une poubelle pleine! Rien! Les employés, les services municipaux, la ville, tout semble tourné vers l'entretien de ce lieu avec tellement d'attention qu'on s'imaginerait presqu'en train de manger son sandwich à même le sol! Fascinant… De même, les travaux sur les tribunes et la scène qu'il fallait faire disparaître, semblaient se dérouler de manière à ne pas trop endommager la végétation des alentours… Sans parler que je n'ai pas vu un seul graffiti sur les murs, les pierres, les monuments… la pierre est propre et brillerait presque; chose étonnante quand on sait que cette forteresse vit jour et nuit, sachant qu'il s'agît d'un des lieux préférés pour les sorties, du moins en été.

Faut bien le dire. Je suis tombée amoureuse de la forteresse de Nis. Tombée amoureuse de ses cafés, de son relai des montagnards qui en plus des tables toutes simples propose une vie imprenable sur la ville. Tombée amoureuse du pont qui mène à la forteresse et les rochers recouverts d'écume nacrée de la rivière Nisava. Je suis tombée amoureuse d'une forteresse qui n'est pas seulement un bijou destiné à décorer la ville, n'est pas qu'un ensemble de jolies murailles et d'édifices décorés, n'est pas qu'un parc. C'est, du moins c'est l'impression que j'ai eue, l'âme même de la ville, son cœur qui vit à son rythme, qui, lui, dirige la vie de tous les citoyens. A partir du premier regard sur ses murailles depuis la station de bus, en passant par la porte éclairée de façon merveilleuse la nuit, en passant par le pont décoré de fleurs, tout, même le quai d'en face et les bâtiments qui y sont construits semblent érigés en symphonie avec la forteresse.

Même si vous le souhaitez, vous ne pouvez pas passer à côté de la Forteresse. Mais de grâce, ne passez pas à côté. Passez son portail et son couloir en arc, prenez un moment pour boire un pot ou bien méditez entourés de verdure de son parc… car chaque minute sur ce lieu vaut de l'or.

Un pense-bête historique (plutôt) sinistre

Mon voyage à Nis ne pouvait aucunement se passer sans la visite de quelquechose qui est, selon toute vraisemblance, le seul monument de ce type dans le monde. Bien sur, il y a des ossuaires partout, comme par exemple celui des catacombes parisiennes, qui ont été partiellement utilisées comme cimetière (suite au manque de la place, mortalité trop nombreuse, peut être même besoin de déménager certaines parties de Paris pour faire place à de nouveaux bâtiments?)… avec bénédiction bien sur. De similaires ossuaires peuvent être trouvés dans d'autres parties du monde encore, ce qui fait que voir des os et des crânes empilés les uns sur les autres n'est pas vraiment une grosse surprise. Mais visiter la Ćele-kula (Тоur des Crânes), la comprendre dans le contexte des évènements historiques, et comprendre ainsi la vocation de cette tour… fait de cet endroit un endroit affreux… et unique dans le monde.

L'histoire commence bien dans le passé, bien que, plus je vieillis, plus ce 19ème siècle ne me paraît pas aussi lointain comme quand j'étais élève et quand mes guerres des Balkans, les soulèvements contre les Ottomans et autres histoires guerrières me semblaient plutôt faits pour me faire perdre du temps. Il est peut être nécessaire de grandir, comprendre la fonction et la valeur de l'histoire, comprendre qu'une chose fait venir une autre, et que du coup, peut être on n'y serait pas là, dans ce contexte et sur cette terre, si quelquechose, dans le temps ne s'était pas produit.

Ainsi, nous savons que la Serbie fut occupée pendant de longs cinq siècles par les Turcs, cinq siècles faisant arrêter plein de choses… faisant venir une sorte de noir "médiatique", dans lequel que quelques petits points brillants pointaient (quelques constructions de monastères par exemple). Et c'est vrai! Avant les Ottomans nous découvrons les villes-citadelles, les constructions d'inspiration byzantine, la naissance du style Moravique, style si spécifique de l'architecture médiévale serbe… et une fois que les Ottomans arrivent, c'est comme si dans les livres d'histoire le monde s'était arrêté, gelé dans le temps et l'espace. Du coup, en lisant l'histoire, même les années deviennent très confuses… on découvre quelques rois, princes et héros qui apparaissent ça et là, et pourtant quand on regarde de plus près et de façon chronologique, nous comprenons que ce ne sont que des îlots dans l'Empire Ottoman – dont la fin s'annonce petit à petit avec les évènements dont certains liés étroitement avec cette Tour de Crânes que l'on connaît aujourd'hui.

En fait, même si cela ne va aucunement désigner la fin du règne Turc, c'est en 1809 qu'un affrontement a eu lieu entre les troupes serbes, avec leur commandant (voïvoda) Stevan Sindjelic (immortalisé dans une chanson patriotique) et l'armée turque. Les affrontements duraient un petit moment sur le mont de Čegar (Tchegar), quand le commandant Sindjelic comprit que la situation est sans issue et que son armée sera battue. Préférant largement la mort en combat aux longues tortures que les Ottomans réservaient aux prisonniers, il décida de faire exploser toutes leurs réserves de poudre, en faisant sauter non seulement ses propres soldats et soi-même mais en emportant également avec eux un nombre important de soldats ennemis. Ce qui suivra est, tout simplement sans précédent dans l'histoire, bien que les Ottomans étaient assez connus pour des pratiques plutôt sévères avec leurs ennemis (rappelons nous des gens empalés etc…): le Hursid-Pasha, ordonna alors qu'on récupère tous les corps des soldats serbes, qu'on les décapite, et que l'on fasse une tour, en se servant des têtes comme matériel au lieu des briques ou des pierres. Pour que ça soit encore plus effrayant, les visages (peaux et cheveux) furent enlevés et empaillés pour être envoyés à Istanboul comme souvenirs de guerre!!! Et voilà, j'écris ces mots… et même après avoir vu tout ça, je n'arrive pas à comprendre comment fonctionne l'esprit humain et comment ça se fait que l'humain soit aussi inventif quand il s'agît de faire mal à autrui!!!

Et comme le disait le gardien de ce lieu… c'est assez surprenant de les voir aujourd'hui ces crânes… mais on ne peut qu'imaginer quelles émotions soulevaient ces têtes de proches, de pères, frères ou maris… comment cela affectait le peuple occupé… faisant naître la peur qui, en quelque sorte, donnera raison à cette tour… vu que la fin des affrontements fut quand même repoussée. Pas pour longtemps, comme on peut le voir à la fin du XIXème siècle, quand l'état fut définitivement instauré.
La tour des Crânes fut longuement exposée au temps et les changements climatiques, ouverte et à portée de main de chacun. L'on le voit surtout aujourd'hui, car un bon nombre de crânes disparut; certains se désintégrèrent, certains furent volés, d'autres encore furent récupérés par des cousins et enterrés "comme il se doit". Ainsi, au lieu des neuf cent crânes et des poussières, il y en a, aujourd'hui, que cinquante, ce qui a du être une des raisons de la construction de la chapelle qui va l'entourer une fois pour toutes. Et voilà… beaucoup d'années après la construction de la tour, qui se trouve à seulement quelques pas de l'hôpital militaire, et qu'on approche soit en passant par un petit square fleuri, soit en empruntant un petit pont en bois suivi d'une alée également fleurie, une chapelle a été construite, chapelle qui a failli nous faire passer à côté de cette attraction, et partir je ne sais où! Oh… il ne faut pas en rire: tous les livres et les documents que j'ai pu voir ou lire, ne montraient que le mur avec les crânes… et du coup c'était exactement ce que je m'attendais à voir… je n'avais pas pensé une seconde qu'une tour pourrait être à l'intérieur d'une autre batisse!



Et voilà. Même si l'accès est très très facile (il faut prendre n'importe quel bus avec départ du centre ville et en allant vers le site archéologique Medijana et Niška banja, et descendre chez la "Vojna bolnica" (lire voyna bolnitsa – hôpital militaire), il faut surtout penser d'aller à la boutique des souvenirs (c'est là qu'on montre ou achète nos tickets de toute façon), puis prendre le petit pont en bois … sinon vous risquez de passer à côté, sans même savoir que vous avez raté le truc! Ce qui ajoute un peu à la confusion, ce sont également les couleurs pastel de la chapelle (bien qu'elle est très jolie, faut le dire)… Bien sur, une fois que vous aurez visité la tour vous l'accepterez tel quel, mais la première fois c'est un peu bizarre, surtout que pour moi, la couleur pèche en combinaison avec du blanc ne se marient pas forcément bien avec la grisaille horrifique des crânes et du béton avec lequel ils ont été attachés à tout jamais. De la pierre serait peut être un meilleur choix… mais… finalement je m'arrête sur des détails plutôt sans beaucoup d'importance

La Ćele-kula appartient également au Musée National de la ville de Niš, ce qui fait qu'il est possible de la visiter en trio avec deux autres grandes attractions de Niš, le site archéologique Mediana et le camp de concentration "Croix rouge" (qui, contrairement aux deux premières attractions se trouve de l'autre côté de la ville). Le prix du ticked d'entrée est carrément ridicule, surtout si on prend un ticket pour les trois. Le mieux est de visiter la tour en revenant de Mediana, qui demande quand même une visite bien plus longue. Le seul souci, à mon avis est incarné dans le fait qu'il n'y a que 2 stations entre la Médiana et la Tour… et que, si vous ne voulez pas marcher environ un kilomètre et des poussières, il faudra payer le prix entier du billet de bus. A priori, quand il ne fait pas trop chaud ce n'est pas un problème… mais quand on y a été… il faisait 40 degrès et du coup… le choix du bus s'est imposé.

Si déjà nous parlons de l'argent il faut bien mentionner le contenu de la boutique de souvenirs (qui n'existe qu'à côté de la Tour), et qui propose un joli choix, allant de dépliants très utiles et bien illustrés, jusqu'à des livres très complets et sérieux. Des souvenirs inspirés d'art romain sont très jolis, bien que je trouve dommage qu'on ne puisse pas les trouver sur le site de Médiana… ce qui serait plutôt logique.

Mais revenons à la chapelle et sa tour pleine de crânes à l'intérieur. Comme j'y allais avec mon enfant j'ai préféré lui en parler de façon très détaillée pour le préparer à ce qu'il verra, surtout qu'il n'est pas vraiment sympathique de voir plein de visages déformés et sans yeux. Mais finalement, le gentil gardien a également fait tout pour présenter ce lieu de façon détaillée, en nous expliquant la construction de la tour de façon si simple que du coup, mon fils a tout accepté beaucoup plus naturellement que j'aurais pu l'imaginer. (petit détail: je ne suis pas sure que le monsieur parle une autre langue que le serbe).

La chapelle en elle-même est très petite. Ce qui devait sembler énorme au peuple d'antan, agrandi par la peur, la tristesse et les émotions n'est aujourd'hui qu'un grand mur tout gris, haut comme (à peu près) une maison avec un étage. Un mur plein de trous, parsemé de crânes aux horribles sourires semi édentés, qui dirigent leur regard aveugle vers les visiteurs. Mon fils s'arrête un moment "regarde comme ils sont différents ces crânes…on voit que ce ne sont pas des cousins"… et vraiment! Avec un enfant à côté de soi on a vite fait oublier le but principal de la visite et entrons dans une discussion très riche sur le thème d'anthropologie. De plus, certains crânes sont si petits, on dirait que certains de ces héros n'étaient pas beaucoup plus grands que des enfants… peut être à peine autour de la majorité. Que le monde humain est sans pitié! Et si plein de souvenirs de malheurs et de temps quand périssaient ceux qui devaient construire le futur… un leitmotiv qui se répète et revient toujours… malheureusement.

Dans un coin de la chapelle on peut voir une carte, et l'image représentant le Voïvode Sindjelic. Son crâne est là également, séparé de ceux de ses soldats, et placé sous une espèce de cloche en verre. Pendant un moment je me demande s'il aurait vraiment aimé ça, cet homme qui a préféré largement voler dans les mains de la mort au lieu de lâcher ses soldats, en les abandonnant aux mains des bourreaux ottomans. J'ai nettement l'impression qu'il aurait préféré rester uni avec ses hommes. Pourtant le fait d'être là, à part, c'est logique… ça donne la possibilité aux gens, visiteurs de lui montrer leur respect.

Visiter les murs de la tour ne prend pas beaucoup de temps. Peut être dix minutes, si vous vous permettez un peu de temps pour regarder chaque visage, pour, éventuellement, dire une prière. Mais même si ce qu'on peut y voir semble être horrible, ce n'est pas vraiment le contenu de ces murs qui fait cet effet, mais plutôt le motif des ottomans qui reste gravé dans l'air. J'ai même l'impression que ces crânes sont plus… hum… calmes, plus paisibles, que les murs des cellules pourtant vides du camp de concentration "Croix Rouge". C'est peut être le fait d'avoir érigé une chapelle qui donne à ce lieu cette paix, une paix donnée par la religion et le pardon? Je ne saurais le dire. Une chose est certaine… la Ćele-kula n'est peut être pas l'attraction la plus jolie du monde, mais c'est un lieu qu'il faut visiter.

vendredi 2 octobre 2009

Lieu qui nage dans la souffrance

Cet été, et grâce à des amis, mon fils et moi avons eu la chance extraordinaire de visiter la ville de Nis (lire Nish). Excellente occasion pour nous de visiter tout un tas de choses dans cette belle ville, et si Medijana et la Tour des Cranes sont à juste titre des incontournables, ce site l’est aussi, du moins à mon avis. Il s’agit d’un monument que nous devons traîter de mémorial des temps pas si éloignés – de la première moitié du XXe siècle, c'est-à-dire de la Seconde guerre mondiale.

J’ai longuement été persuadée que le camp Jasenovats en Croatie représentait l’unique témoignage de la Deuxième guerre mondiale, du moins quand il s’agît du type de monument. Qu’elle était seulement ma surprise quand j’ai découvert que la ville de Nis recelait l’unique camp nazi, complètement conservé, et de réputation sinistre, bien que pas aussi "bien équipé", en comparaison avec d'autres de ses grands cousins. Quelqu'un pourrait me dire que je suis complètement morbide, voir légèrement toquée, pour avoir emmené mon fils dans "une horreur pareile", mais à mon avis, la mémoire est le seul moyen d'empêcher que certaines choses soient refaites, et cette mémoire doit absolument être apprise à nos plus chers… en espérant que cela les aidera de grandir et de ne pas répéter les erreurs du passé.

Le Camp de la "Croix Rouge" se trouve à proximité immédiate du centre ville: il faut descendre à côté de la forteresse en prenant le sens du marché et de la station de bus, puis remonter la rue vers la station ferroviaire de la ville, ce qui prend 5 à 10 minutes encore (à pied et tranquillement). Et là, on rencontre déjà l'état d'esprit pervers des possesseurs des lieux: ceux qui gouvernaient cet endroit savaient exactement ce qu'ils font! De tous endroits qu'ils auraient pu choisir pour y organiser leur camp, ils ont bien choisi le lieu desservi par le train! Plutôt "pratique" (désolée pour l'ironie), quand on sait que c'est ici qu'on réunissaient les gens dont le destin était ou bien de rester ici (étant fusillés à l'intérieur du camp ou plus souvent sur la localité de Bubanj), ou de rejoindre d'autres lieux pour y "travailler", un parcours qui, dans la plupart des cas ne se terminait pas vraiment de manière positive.

Le camp lui-même est un peu à l'écart par rapport à la rue, mais il est très facile à trouver, à cause de la station ferroviaire d'un côté et du panneau très visible de l'autre côté. Bien sur, dommage que même pour ce lieu nous ne trouvons pas vraiment beaucoup de signaux, mais Dieu merci, tous ceux auxquels j'ai demandé savaient me renseigner.

Quand vous arrivez sur place, il faut tourner à droite et prendre le petit chemin bordé de pelouse. Et là, un truc gris, un mur avec une petite, toute petite porte, et derrière le mur… des édifices d'un gris sale, comme les bâtiments de cette espèce de complèxe qui se trouve sur Autokomanda à Belgrade, juste à côté (aussi) où des pauvres gens périssaient et étaient réunis pour être envoyés en Allemagne au "travail". Au premier regard, on dirait un bâtiment d'une manufacture quelconque, un entrepôt d'avant guerre ou un truc du genre. Et pourtant, il s'agit de l'ancienne caserne "Obilic", qui fut à l'époque entourée de fil de fer, le mur étant ajouté bien plus tard. En fait, quand les fascistes sont venus prendre possession des lieux, eux aussi avaient gardé les bâtiments à l'aide des gardes et des barbelés. Ils ne pouvaient même pas imaginer que des gens, enfermés dans le "grand bâtiment", pourraient être tellement désespérés pour tenter une fuite qui réussira (bien qu'un bon nombre périra sur les barbelés). Les fascistes érigeront alors un mur, avec encore deux cabines de garde et une espèce d'espace vide entre les deux premiers postes dans le mur en pierre, … et le musée portera plus tard, en plus du nom "Croix rouge", la date du "12 décembre" dans son nom, en mémoire de soulèvement.

Une fois le petit portail traversé, c'est comme si vous entriez dans un autre monde. On s'attendrait à voir les gardes, d'entendre les cris… et pourtant, tout est silencieux, trop silencieux même. C'est peut être du au fait qu'on est en été, et qu'il n'y a pas d'excursions scolaires qui rempliraient les lieux. Que l'intérêt du public est vraiment mineur, on le comprend aussi par rapport aux horaires – le musée-camp n'est ouvert que jusqu'à 16h. D'autre part, je trouve que le billet couplé (ou plutôt triplé) avec la visite de la Mediana et la tour des Crânes est une bonne chose, sachant qu'en plus, à cause d'un programme chargé, nous n'avions pas le temps de visiter le camp le même jour. Même ainsi, la (très gentille) dame qui travaille au gift-shop de la Tour des Crânes (Cele-kula), nous a confirmé qu'il fallait tout bêtement se présenter au camp dans la matinée le lendemain, ce qu'on a fait, sans aucun souci. La jeune employée nous y a très gentiment accueillis et nous a également servi de guide, en nous montrant coins et recoins, avec toutes les explications nécessaires, dans ce lieu qui est, fait ironique, si petit! Et c'est ça qui est, peut être, le plus horrible dans toute l'histoire: le fait qu'il s'agit d'un lieu si petit qu'on peut le traverser en si peu de pas, et qui devait, dans les yeux des prisonniers représenter une éternité – combien cet espace entre la vie et la mort devait être énorme!!!

Je digresse…
Le camp lui-même est composé d'un bâtiment tout en longueur et sans étages – c'est là que se trouvait le commandement des gardes, les pièces pour les "employés", la cuisine, la laverie et la salle d'eau (salle de bains serait peut être un peu trop). Juste en face, une espèce d'édifice assez haut, ressemblant à un entrepôt où à une étable à étage… du moins c'est l'impression que j'ai eue, grâce aux grandes portes en bois, disposées de façon régulière, fermées avec de grosses barres en acier. Au milieu une porte qui semble un tantinet plus petite, mais qui est pourtant bien l'entrée principale dans le bâtiment.

Mais quand je dis étable, je ne suis pas vraiment loin de la vérité. Les gens qui y étaient tenus, l'étaient vraiment dans des conditions de bétail – ils dormaient parterre, sur une petite couche de paille. Seuls témoins d'une présence humaine – quelques effets personnels dans les vitrines et une table en bois et deux bancs. Et l'histoire se termine là – il n'y a rien à dire, on sent seulement un début de pierre qui se forme dans la gorge, devant tous ces visages qui vous regardent sans un mot de tous les murs… leurs lettres, un uniforme de camp… à l'étage au dessus encore d'autres pièces, aujourd'hui si vides, mais dont les murs sont recouverts de visages humains, de photos… dans une des pièces des crânes humains, de ceux qui furent les dernières victimes de fusillades en ce lieu, et qui ont été déterrés lors des premières fouilles dans la cour du camp. Ils ont été fusillés sur la petite esplanade à droite quand on sort du bâtiment de la prison, sur ce petit champ se terminant des deux cotés par une tour de garde, ressemblant beaucoup à celles qu'on peut voir à Auschwitz par exemple. Aujourd'hui, au milieu on voit 5 stèles et une plaquette sur le mur, parlant de ce dernier crime… et quelques bosquets de fleurs.
Et franchement, je me surprends à souhaiter qu'il n'y ait point de fleurs, sinistre pour moi le contraste entre quequechose de si beau et innocent, dans un lieu si horrible et plein de misère…

Le troisième étage du bâtiment de la prison est tel qu'on peine à le décrire. L'ambiance dans ce grenier est lourde… la jeune femme parle de l'humidité et de moisissure… mais non, ce n'est pas que ça. L'étage qui héberge les cellules unitaires, où le sol était couvert de barbelés afin d'empêcher les prisonniers de dormir autrement qu'accroupis (sinon, c'étaient d'autres blessures assurées)… une perversion de plus après de nombreuses tortures horribles… les prisonniers qui se retrouvaient ici attendaient la balle qui leur était destinée presqu'avec joie… car celui qui terminait ici, ne recevait plus ni nourriture ni eau, seule la lumière arrivait, à travers les barreaux. L'ambiance ici est lourde, et la pierre dans la gorge est énorme, telle qu'on n'arrive plus à l'avaler. Mon fils, qui demandait encore des trucs ça et là sur les étages inférieurs, se tait ici. Je ne suis pas sure qu'il comprend parfaitement ce lieu, mais il sent quelquechose lui aussi, on le sent, c'est difficile pour lui. Et sincèrement, même si on pouvait visiter la range des cellules sur l'autre côté du bâtiment, je n'ai pas eu la force de le faire. Dans tout le bâtiment règne le silence… un silence tellement sourd qu'il devient presque trop fort dans les oreilles. Nous sommes descendus avec un sentiment de soulagement mélangé avec un peu de culpabilité quand même. Et nous avons à nouveau respiré, un air frais et libre, quand même.

Quand on parle du silence, ce lieu est spécifique, car le silence règne dans tout le camp, même si l'on se trouve tout près d'une rue animée. Peut être que ce n'est qu'une impression, peut être que ce sont les émotions qui me travaillent. C'est peut être parce que je ne supporte pas la peine d'autrui, même quand il s'agît d'un cri gelé, gravé dans l'air de ce lieu.


Mais une chose est certaine. Ce lieu ne doit pas être oublié. On s'en fiche des opinions politiques des gens, du fait que telle ou telle personne était, dans le temps "de ce ou de l'autre côté". Ici, des gens ont péri, et pourtant ils n'étaient pas forcément tous ni partisans ou rivaux politiques, ni (même si c'est horrible de le dire ainsi aujourd'hui) les gens étant catégorisés de "races à exterminer". Ici ont également péri des gens complètement "à côté de la plaque", quelquefois parce que leur visage n'a pas plu, ou qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Bien que ce soit qu'une partie infime d'un fait horrible incarné dans les "usines de la mort" du Troisième Reich… ce lieu est un souvenir de la douleur et un message visant à éviter qu'un tel drame survienne … plus jamais.
Ainsi, ce lieu doit figurer sur la liste de vos incontournables si le chemin vous mène jamais à Nis. Ce n'est pas un lieu plaisant à voir, je suis d'accord, et aux yeux de beaucoup, ce n'est pas un "gros et important lieu", mais plutôt comme un petit rouage dans un mécanisme énorme. Mais c'est aussi une partie de l'histoire de ces contrées, et une partie de la mémoire universelle. N'oubliez pas le camp et ses victimes…!

vendredi 18 septembre 2009

Là où se reposaient les empereurs

Je dois l'avouer... même avant de venir à Niš (lire Nich) c'est le lieu-dit Médiana que je voulais voir. Bien qu'en Serbie on parle beaucoup plus des sites Viminatium et Felix Romuliana, le nom du site me paraissait sympathique, puis, faut bien avouer que j'ai été bien intriguée par le fait qu'il s'agissait d'un domaine destiné aux vacances, fondé bien avant que l'empereur Constantin y mettra les pieds. A savoir que c'est dans la ville de Naissus que Constantin naquit, sa maison se trouvant, selon l'opinion des experts, sur le site archéologique juste derrière la forteresse de Nis. Faut dire aussi, qu'en venant, je m'attendais à quelques petites ruines sans plus, et pourtant, j'ai reçu bien plus que j'attendais, y compris un accueil plus que gentil.. me confondant dans l'idée que Médiana est un lieu qui mérite bien plus de l'attention, que ce qu'il reçoit réellement... et que toute personne venant à Nis, devrait absolument réserver au moins une matinée pour le visiter!

Accèder au site archéologique Médiana, c'est facile, qu'on y accède en voiture, en bus (transports publics en direction de la station thermale Niska banja), ou... à pieds. Ce dernier moyen demande bien plus de temps, mais j'y reviendrais. Si l'on veut prendre la voiture, il suffit de le faire à partir du centre ville, en allant vers sa banlieue et la Niska banja - il suffit de prendre le boulevard du Dr Zoran Djindjic. Pour ceux qui connaissent un peu, la Médiana se trouve juste en face de l'Industrie Electronique de Nis (EiNis), fait important, car le chemin vers la Médiana est bien mieux affiché dans la ville de Nis que quand vous vous trouvez déjà en route vers le site. Si vous prenez le bus, j'attire votre attention sur l'importance (surtout si vous venez pour la première fois), de contacter la personne qui vend les tickets de bus, en lui demandant de vous indiquer l'arrêt exact. Cependant, n'oubliez pas de dire que vous allez au SITE archéologique et pas dans le quartier ("naselje") Médiana, sinon vous risques, comme mon fils et moi, d'avoir à marcher un peu plus d'un kilomètre sous un soleil plutôt désagréable...!

Quelqu'un me demandera pourquoi on n'a pas pris le bus à l'arrêt suivant (sachant que la Médiana est à gauche et l'arrêt de bus quelquepart à droite de l'autoroute)... et la réponse est plutôt simple. En fait, dès vous sortez de la ville (dont la "ceinture" se trouve tout près du quartier où se trouve La Tour des Crânes), vous tombez sur une aurotoute régionale entourrée de champs de mais et de blé. Ca et là quelques nouveaux bâtiments abritant des compagnies (beaucoup de sociétés préfère bâtir ses locaux hors la ville pour bénéficier des prix bien moins élevés), et c'est tout, sans parler qu'en horaires de travail, on ne peut rien voir d'autre que quelques voitures garées! Du coup, comme je ne connaissais pas le coin et que du coup je ne savais pas qu'il y a un arrêt devant l'industrie électronique (et comme je vis pas à Nis... c'est peut être honteux, mais je ne connais pas :o))...), je ne pouvais pas prendre le risque d'entrer dans un bus qui m'emmènerait, ... à Niska banja ou quelquepart dans le canyon de Sicevac, par exemple!

Mais même si vous devez le faire à pied, le chemin s'avère plutôt facile, si l'on sait qu'il y a, du quartier Médiana jusqu'au parc, un kilomètre, et que ça se trouve sur la gauche. Mon seul grand reproche, c'est le manque de publicité ou de panneau... sauf une petite flechette, qui serait plus visible en ville, et qui demeure invisible en voiture ou en bus... en provenance de la ville de Nis.
L'entrée du site est bien indiquée, par un superbe panneau, mais si vous arrivez à pied, vous ne le verrez qu'une fois devant... étant donné qu'il est caché par des buissons assez sauvages. Dommage. Je suis d'avis que l'accès à ce parc DEVRAIT être mieux indiqué, afin d'attirer le chaland... afin de donner envie au passant de s'arrêter et d'aller voir ce qui se cache derrière l'herbe si haute et jaunie par la force du soleil.

A l'entrée, c'est le choc. Sauf une maison de style néo-classique, et d'une petite maison qui ressemble à une maison privée (j'ai appris après que c'ETAIT vraiment une maison privée, et que la municipalité n'a réussi qu'avec beaucoup de mal à faire partir la personne qui y vivait et élevait des poules et qui sait quoi encore sur ces ruines millénaires), et sauf une espèce de masse sans formes de cailloux divers couverte d'herbes sauvages... il n'y avait rien. Sur le moment, je me suis demandée si je n'avais pas tout à fait tort d'avoir traversé tout ce chemin. Le petit chemin seulement, qui, vu de l'entrée prend une tournure tout à fait illogique, qui fait tout le tour, était peut être la seule chose qui indiquait qu'il y a quelquechose par ici, que la main humaine agit encore par ici. Et ce n'est qu'une fois la moitié de ce petit chemin parcouru que tel un rideau, l'herbe semble s'évanouir devant nos yeux, laissant place aux premiers édifices... ok, ce sont des ruines bien sur, mais des ruines qu'on reconnaît comme romaines, par rapport à leur plan et aux matériaux utilisés. Et une fois qu'on passe à côté du bâtiment, dans lequel je pense reconnaître les termes (ce qui me sera confirmé plus tard), et qu'on arrive devant cette ancienne maison privée, nous voyons enfin des gens... et l'histoire peut commencer.

La première chose qui m'a beaucoup touchée, c'est le prix. Il est en effet très très bas par rapport à tout ce que l'on va voir... en effet, la visite à Médiana et celles de Cele Kula (La tour des Crânes) et du camp nazi "Crveni krst" (Croix Rouge) sont groupées; ce qui fait que le billet de 150 ou 200 dinars par personne est plutôt ridicule. Le billet pour les enfants est d'ailleurs encore moins cher. Il faut aussi souligner qu'ici, il ne semble pas vraiment y avoir beaucoup de visites (malheureusement!!!)... je dirais que c'est la destination principale des écoles et des classes vertes... ce qui fait qu'ils ne doivent pas avoir un gros trafic pendant l'été! Mais ce fait peut aussi s'avèrer être un plus, vu que du coup nous avions le guide, un jeune homme très sympathique, que pour nous! Je profite de ce texte pour lui envoyer mille mercis, car franchement, on a vraiment été choyés. En effet, je pense que grâce au temps, et à la situation, nous avons pu voir bien plus que ce qu'on aurait pu voir d'habitude, sans parler qu'on a eu le privilège de mener un véritable dialogue... ce n'était pas un truc appris par coeur, un tas d'infos débitées sans aucun intérêt pour ce qui est dit, mais un vrai dialogue, qui nous à permis, à mon fils (qui venait d'apprendre un tas de trucs sur l'empire romain à l'école) et à moi, de poser un tas de questions, des questions ayant eu des réponses plus que complètes, grâce à cet jeune homme charmant qui y répondait avec beaucoup d'enthousiasme.

Le site Médiana, comme on l'apprendra de la bouche de notre gentil guide, mais aussi dans un tas de documents que j'aurais eu sous les yeux après, a été construit à peu près au IVe siècle (peut être que ce fut même avant, mais les sources écrites mentionnent ce site qu'au IVe siècle...), sur des fondations plus anciennes, préhistoriques, ce qui a été prouvé par des analyses de différentes couches archéologiques. Cela prouve également que ces contrées étaient bien habitées longuement avant que les Romains vinrent y piquer leurs tentes, et construire leurs fortifications. Chose importante, la Médiana d'aujourd'hui (enfin le parc archéologique) s'étale sur un tout petit bout d'un site archéologique bien plus vaste, couvert aujourd'hui de maisons et de champs privés. Elle fut construite près de la route romaine vers la ville qui porte aujourd'hui le nom de Sophia, et dont on a trouvé des traces juste à côté de l'autoroute d'aujourd'hui. Ce qui doit être souligné, c'est que la Médiana n'était pas une ville. C'était un quartier de repos des Patricii et d'autres hauts fonctionnaires, à quelques kilomètres seulement de la ville militaire de Naissus.
C'est la Nisava, (Nishava) qui assurait l'eau potable, qui était distribuée par un superbe aqueduc qui aurait été en fonction encore aujourd'hui, si les gens du régime ne l'avaient pas fait sauter à l'aide de la dynamite en 1980 pour y construire une usine!!! Cette eau potable arrivait jusqu'aux reservoirs, et de là était dirigée vers les piscines, les fontaines et les termes.. Interessant à savoir, c'est sur l'emplacement même du réservoir principal que se trouve aujourd'hui le réservoir construit par les "Eaux de Nis"!

Ici ce fut le lieu où les empereurs se reposaient... Valentinien et Valence, et l'on sait que c'est ici que venait, se reposait et prenait de grandes décisions pour l'empire, LE grand Empereur Constantin, celui dont le nom est profondément enraciné dans la tradition et le folklore de cette région. On peut encore sentir un peu de cette gloire des temps passés, en entrant dans le Nyphéum, où quand on jette un coup d'oeil sur ce qui est encore sur pied de la résidence principale. On s'y sent petit, on est bouleversé par le savoir, la conscience qu'on se tient là où peut être il marchait... le grand empereur. La résidence est magnifique, bien qu'il en reste que des murs hauts d'un peu plus de trente centimètres. La structure de l'édifice est telle que l'on imagine très facilement le jardin intérieur, les pilliers en marbre nacré (on peut en voir deux encore sur pied, contraste magnifique avec les arbustes et autres plantes disposées avec soin), les statues qui s'élevaient autour de l'esplanade avec la piscine intérieure, le couloir ouvert vers le jardin, par lequel, dans l'ombre, les romains se baladaient sur le chemin décoré de mosaïques. Ces mosaïques existent encore, mais on ne peut pas les voir... ils ont été "conservés" - couverts de gravier, pour les protéger en attendant que ce site reçoive enfin sa propre "tente" qui permettra que ces oeuvres d'art réapparaissent sans crainte d'être détruites par la pollution et le soleil! Notre guide nous a dit qu'ils espéraient que cette protection arrivera vite, voeux que je partage, car j'aimerais bien revenir... et voir ces dessins de mes propres yeux!!!

Le Nymphéum est également un lieu superbe à visiter. C'est au dessus de cette pièce qu'a été construit le petit bâtiment néo-classique, construit surtout pour protéger cette partie de la Médiana qui est, à mex yeux un des plus gros trésors que j'ai pu voir... et qui est, il faut bien le dire, la partie la mieux préservée de tout le site. Cette maisonnette néo-classique faisait également office de musée, mais la plupart d'objets qui y étaient exposés, a du être déménagée vers le Musée National de Nis, vu que le bâtiment a été pris pour cible, non pas qu'une fois, des voleurs... des simples d'esprit, et dépourvus de toute culture existent bien ici aussi :o(!!! Mais même ainsi, on peut encore y voir quelques objets très touchants (vaisselle et autres petits objets de la vie d'antan), ainsi que des représentations qui, complétées par les explications de notre guide, nous permettent d'avoir une image bien plus précise de cette localité. Encore un grand merci s'impose ici, car, bien que ça ne soit pas du tout d'usage, j'ai reçu l'autorisation de photographier, sur simple mention que je veux présenter cette petite merveille sur trivago!

Les termes (juste à côté du Nymphéum) sont en assez bon état, bien que l'on y observe que les bases. Mais même ainsi, l'on peut aisement observer différentes pièces, sans parler des restes du système de chauffage sous le sol... c'est tellement incroyable de savoir qu'il aurait fallu attendre des siècles avant que cette invention revienne dans les habitations des gens! Un petit détail touchant - les restes d'une église datant des débuts du christianisme, que l'on ne peut que entrevoir par la porte du baraquement de conservation... c'est ici qu'on a trouvé une mosaïque avec le signe de Christ... et que dire du Horreum?
Les amphores qui s'y trouvent sont énormes, et certains les trouvenront même laides, à cause des couvertures noires qui les recouvrent... mais voir ces récipients géants, nettoyés et reconstruits à partir de milliers de morceaux par des mains plus que patientes... ces récipients où jadis se trouvait de l'huile d'olive de meilleure qualité ou encore du blé... pour celui ou celle qui est imaginatif, il est si facile de fermer les yeux et d'imaginer le lieu animé, avec des ouvriers, les comis de cuisine qui viennent chercher les denrées nécessaires à la réussite des plats... des esclaves qui devaient porter de poids bien lourds... et juste à côté, le réservoir, qui, même si construit de nos jours, porte en soi quelquechose de ces temps antiques, peut être à cause de cette ouverture en forme de fontaine, d'où j'aillit une eau claire?

Il faut bien l'admettre... il faut, pour cette visite, être doté de pieds en bonne santé, car il faut, ça et là, monter des monticules dépourvus de tout chemin "normal", il faut aussi tracer son chemin à travers une herbe de taille assez impressionnante. Je dirais aussi qu'un bon pantalon peut être conseillé, pour se préserver des tiques et d'autres bestiolles qui pourraient y vivre. On dirait que je râle, et pourtant, si toute cette herbe disparaissait soudainement, et on le comprend de plus en plus en visitant de plus en plus de différents bouts de ce trésor enfoui, toutes ces ruines seraient visibles, trop même si l'on pense à tous ceux qui y veraient moyen de gains faciles!!! On ne peut pas fermer les yeux devant la réalité... il est certain que certains chapiteaux, ainsi que d'autres objets faciles à faire sortir servent de décorations dans des maisons de collectionneurs, ce sont des trésors payés trop peu... sans parler de briques de qualité exceptionnelle (vu la date de production): si les Otommans pouvaient utiliser la pierre et les briques de la Médiana pour construire la mosquée de la forteresse de Nis, combien de ce matériel de valeur l'on peut trouver aujourd'hui dans les murs des maisons privées...?
J'espère de tout coeur que la Médiana recevra aussi vite que possible toute l'aide finnancière, et aussi un système de protection qui va avec, et que le futur proche apportera une restauration de ce site qui est plus que riche, car beaucoup de ce qui s'y trouve n'est pas encore accessible au public! J'ai lu quelquepart, et je l'imagine aussi: un jour, de futurs comédiens, étudiants d'archéololgie ou d'histoire, habillés en toges et se promenant parmi les visiteurs en leur racontant les histoires des temps passés... Que ce serait beau!

Mais même ainsi, si vous passez dans le coin, n'allez pas plus loin si vous n'avez pas vu la Médiana. Elle n'est peut être pas présentée "comme il se doit", mais l'on sent que les gens qui y travaillent le font avec beaucoup d'enthousiasme... ces gens l'entretiennent avec beaucoup de soin, malgré une situation plus que difficile (et c'est vrai! même sous une végétation sauvage, l'on n'y trouvera pas un seul petit papier, pas la moindre ordure... sans parler du jardin "intérieur" du Palais, qui, bien que simple, est entretenu avec amour). Je suis également convaincue qu'un nombre plus important de visiteurs ne serait qu'un coup de pouce supplémentaire afin que cette localité reçoive toute l'attention qu'elle mérite!!!!

jeudi 16 juillet 2009

SVIBOR-retour au Moyen Âge


Depuis que je suis (re)venue vivre à Belgrade, je n'entendais que du bien de cette manifestation, qui a tout l'air d'être une tradition désormais bien ancrée, et surtout... vivante... dans son effort de réveiller les temps passés. Ce qui me paraissait toujours très attirant aussi, c'était le fait que tout cela se passe bien dans la Cité basse de la forteresse Kalémegdan... en réalité, au lieu même où de réels tournois étaient organisés en cours du 15ème siècle, vraisemblablement pour amuser un peu le Despote Stefan.

Kalémegdan est, comme j'ai du le dire, l'oasis de verdure des belgradois... et pas seulement. C'est la Cité témoin de l'histoire, celle qui naissait de ses cendres, et toujours fière, surplombant le confluent du Danube accueillant la Sava dans ses bras. Parlant de l'histoire, il n'est, d'ailleurs, pas mal de rappeler, que finalement, malgré le fait d'être le berceau de ce que deviendra la capitale de la Serbie, cette forteresse,l'Alba du début, la Singidunum romaine, ou encore Kalé-megdan (le champ de bataille)... ne fut que très peu et réellement serbe. En effet, ce fut le Despote Stefan, celui qui fit construire la majestueuse tour du Despote sur la ceinture intérieure des remparts, qui fit de Belgrade la capitale, renonçant au Sud du pays, jusque là prisé... et proche du Kosovo, où la nation naquit. De ce que l'on peut trouver dans les sources historiques, la ville forte était une ville prospère, la Cité haute était remplie de maisons en bois des commerçants et autres artisans... et tout allait bien dans le meilleur du monde... jusqu'au prochain assaut, et une prochaine passation de pouvoir. En attendant, et quand il n'y avait pas de guerres, j'imagine que le Despote devait bien s'ennuyer dans son château en pierre (sans parler de ses chevaliers), et il est facile à imaginer que des tournois furent organisés... pour que le temps passe plus vite - faute de télé et de divers Zuma, GP ou encore trivago!

Trêve des temps médiévaux... passons au 20...et 21ème siècle. Il faut dire que jusqu'il y a peu, il ne fut pas très politiquement correct d'être fier d'être issu du peuple serbe, et de ce fait, il n'y avait que très peu de gens, surtout quand il s'agît de jeunes, qui connaissaient ces parties de l'histoire, bien antérieures au "glorieux passé" partisan du Maréchal Tito. Les temps embrouillés qui s'ensuivirent, rajoutèrent encore plus à ce sentiment de perdition, et finalement, ce n'est que très récemment qu'un groupe de jeunes enthousiastes se mit à redécouvrir le passé chevalier et moyenâgeux de ces contrées. Des recherches, des fouilles firent ressortir des armes, armures, costumes typiques... et petit à petit, quelques gars se mirent à s'entraîner dans les arts martiaux moyenâgeux... joignant ainsi un mouvement européen déjà existant. Le résultat de tout cela, du moins au niveau local, est le SVIBOR - ce qui veut dire "Srpsko viteško borenje" - l'art martial chevalier serbe... ainsi qu'un Tournoi, traditionnellement organisé tous les étés dans la forteresse, auquel, chaque année, diverses nations viennent prendre part.


L'on y accède facilement. Et de plusieurs façons, tant qu'on y est. L'on peut, par exemple, opter pour le tramway 3,5 ou 10, descendre au terminus, le contourner et hop... en longeant la route départementale, l'on tombe direct sur une jolie ancienne porte... c'est la porte de la Cité basse. Ça c'est pour faire très simple, ou si l'on n'a pas de temps. Mais, cela veut dire aussi perdre beaucoup, car arriver du côté de la Zindan Kapija est un pur moment de plaisir. Pour cela, il faut prendre le bus ou le tramway... ou encore se balader à partir de la rue Strahinjica bana, prendre l'entrée de Kalémegdan à côté du Zoo, et monter un peu. Une fois arrivés devant la Zindan Kapija (il est impossible de se tromper, elle est unique), il faut tourner à droite (comme quand on va visiter les églises Ruzica et Sainte Petka) et le tour est joué, sans parler qu'on bénéficiera alors des vues superbes sur la Cité basse entre les pierres, le confluent... personnellement... j'adore :o)! Bien sur, vu qu'il faut emprunter des escaliers authentiques... et très hauts, l'entrée basse est recommandée pour les poussettes ou les fauteuils roulants...


Le SVIBOR - ou comment le Moyen Âge peut quand même atterrir au Vingt-et-unième siècle...

Il faut bien le dire, j'ai failli ne pas y aller. Hé oui! et pour une raison très bête: la première journée des combats était froide et pluvieuse (bizarre pour un début de juin d'ailleurs)... et moi, fraîchement rétablie d'une grosse bronchite tendant vers un début de pneumonie... beuh... ce n'était pas vraiment le moment de tenter le diable. Heureusement pour moi et mon amie, ainsi que pour Stéphane - mini despote d'ailleurs à ses heures - le tournoi s'étalait sur tout le week-end... et, dimanche, le temps fut clément, bien que menaçant de temps en temps... ce qui peut se voir sur certaines des photos postées ici. Quoi que, perso j'adore, vu que ça permet d'avoir des photos aux couleurs magnifiques... j'adore le ciel d'acier sur les tours... ! Mais... je m'égare...

En arrivant du côté de la Zindan Kapija et des églises, l'on a d'abord été frappées par le fait qu'un véritable petit campement fut organisé et bâti juste à côté d'une "arène" qui, entre nous soit dit, ressemblait plutôt à un enclos entouré de grosses poutres. Mais... faut pas être embêté par les détails, comme les fanfares typiquement Occidentales, ou cette malheureuse bouteille de Sprite atterrie par miracle parmi les chevaliers... à oublier aussi une buvette mobile et ... des sanitaires de camping posées dans un coin pour l'occase... s'il est bien de s'immerger dans le Moyen Âge, autant le faire sans odeurs qui allaient avec :o)))!

Bon abstraction faite des trucs trop "quotidiens"... l'on est quand même happé par l'atmosphère. Et devant la palette vivace et richement colorée de ce décor grandeur nature, l'on en vient à oublier très vite le fait que ce n'est qu'une infime partie des gens qui est habillée "à l'ancienne"... et que ce copain en jeans de la petite princesse roumaine n'a rien à chercher par là. Tout devient naturel. Le campement, avec les dépôts d'armements et d'armures, épées piquées dans des tas de paille, un casque par ci, une armure par là... des chevaliers qui font un petit somme ou se préparent pour le combat suivant... Et tiens, encore ces jeunes ecuyers - deux d'entre eux interdisent l'entrée au campement aux visiteurs du futur... si ce ne sont pas quelques petits futurs chevaliers, bien en jeans mais avec une épée en bois... Saisissante aussi cette construction - enfantine et pourtant faite dans le même bois que ces armements de guerre - deux chevaux plutôt caricaturaux, sur une poutre qui tourne en rond... juste à côté du bélier qui servait aux assauts...

Les combats sont différents - combat à l'épée, tir à l'arc, tir de javelot, jeter une grosse pierre... se battre sur un gros tronc d'arbre... ou encore combat au javelot... et s'il vous plaît... bien réels! Nous avons vu, au cours de ces quelques heures (car l'on ne voit pas vraiment le temps passer), plusieurs bleus et coupures... et même un chevalier ayant le genou bandé - il a du faire une mauvaise chute le jour d'avant. Ce dernier passait son temps à dodoter dans la paille, ou à se balader, en s'appuyant sur une gigantesque hache... les blessés devaient faire ainsi par le passé? Et faut dire... il faut beaucoup d'entraînement pour éviter des coups vraiment sérieux... dans l'un des combats la lame "touchant" le casque provoquait des étincelles, dans un autre, fallait bien résister, sur un tronc, tout en étant rué de coups par son adversaire... faut aimer aussi :o))))... c'est peut être là qu'on voit vraiment qu'il s'agît des enthousiastes...!

Le temps entre deux combats étaient remplis d'animations: petite école pour les mini-chevaliers, chants moyenâgeux, acrobaties... ça fait un peu cliché, mais en effet, l'on aime bien imaginer que c'est comme ça que ça se passait... avant.

Et ce qui est rigolo?
Nous sommes venus y jeter un coup d'oeil... rester, disons une heure ou deux... finalement, nous sommes arrivés à 13h et partis à 18h... et ce n'était même pas terminé! Et faut bien le dire... nous n'avons pas vu le temps passer :o) Du coup, à partir de maintenant, je pense que je vais bien guetter le prochain tournoi, car je trouve ça franchement très sympa - et mon fils a adoré aussi! Il était même dégoûté de ne pas avoir mis SON costume de chevalier... (un accoutrement de mousquetaire avec une espèce de truc en laine qui couvre l'enfant de la tête au pied, avant de mettre les armures et le reste... même pas besoin de dire qu'il en serait mort de chaud dedans, quelle horreur!)... en tout cas... ce fut une jolie journée, une belle immersion dans le temps passé... et... je le recommande à toute personne qui se retrouverait à Belgrade au début de l'été :o).

dimanche 12 juillet 2009

Promesse d'une soirée parfaite

Il s'agit du restaurant, a côté duquel je suis passée plusieurs fois, dont le tableau m'avait attiré, mais dans lequel je n'entrais pas, menée par mes propres choses a faire, puis le temps qui passe trop vite. Il fallait que se passe une retrouvaille avec de vrais amis, pour que je me décide de passer enfin a travers le portail ... passer une superbe soirée tout en faisant connaissance avec un endroit, qu'il ne faut, a croire de nombreux critiques, pas manquer une fois a Belgrade. J'ai eu l'occasion de tester... et oui! c'est a ne pas manquer!

Quand vous arrivez du côté de Pejton en trolleybus, il faut tout bêtement prendre la rue Simo Milosevic a pied et tourner a gauche en prenant la petite rue qui descend une fois arrivés au petit square. Bien sur, le mieux encore c'est de connaître le coin, mais même en arrivant du côté du marché Kalenic, c'est tout près! Bien sur, comme le restaurant se trouve dans un des vieux édifices, certains pourraient douter, mais heureusement, de très gentils passagers sont toujours prêts a donner de bonnes réponses! Dans mon cas, ça veut dire que je suis partie de ma maison sachant seulement que le restau en question est tout près du marché Kalénic et en sachant le nom de la rue... sans aucun indice en plus, vu que mon ordinateur était kidnappé et que je n'ai pas pu ouvrir ma carte...

Mais il faut reprendre dans l'ordre. Tout cela a eu lieu grâce a un groupe de copains qui a décidé, après 24 ans de notre école élémentaire, de tenter un truc quasi impossible: de réunir notre classe pour un soir. Organisé un peu a la va vite; tout a fonctionné a merveille pourtant, comme si l'organisation avait pris plusieurs mois - nous permettant de nous revoir, il y a deux jours, dimanche. Bien sur, nous n'étions pas au grand complet - certains nous ont, malheureusement, quitté pour toujours, d'autres vivent a l'étranger, mais même ainsi, les retrouvailles étaient plus qu'agréables.

Bien sur, avant de venir, je me suis un peu renseignée; et on m'avait dit que c'est l'un des endroits ou des "stars" se donnent rdv. Je dois avouer que j'ai tout de suite eu un peu peur d'une espèce de parade de "grandes stars d'une saison", du bruit et d'autres manifestations de kitch. Mais rien de tout ça en réalité! Je pense même que c'était notre table qui était la plus bruyante, bien que j'ai l'impression que les murs et les plantes ont fait que le son soit tamisé quand même - chose testée quand je me suis rendue a l'entrée du jardin d'été, d'ou je n'entendais plus du tout des sons venant de notre table, alors que les gens étaient en train de rire!

A cette bonne humeur a été; faut bien le dire, directement encouragée par l'ambiance du restaurant aussi, du jardin/terrasse ou l'on était assis - un jardin plein de monde, mais dans lequel, pourtant, on ne se sentait pas a l'étroit! Dans un coin se trouve une espèce de véranda ou se trouve une espèce d'ottoman couvert de cousins, et en face, des séparés, qui ne sont séparés que visuellement des autres clients. J'ai eu l'occasion de jeter un coup d'œil dans la salle, semi-souterraine, décorée de façon... hummm... ça me fait vraiment penser a un mélange éclectique de caves vinicoles dalmates et de vieux restaurants français... murs et étagères décorés de tableaux et photos en noir et blanc, quelques bibelots décoratifs... pas beaucoup, uniquement quelques uns - et pourtant la salle n'a pas l'air vide, au contraire! - on dirait qu'une lumière, un truc très positif et chaud ressort du tout. Quand on parle de différentes pièces, faut bien mentionner la "rest room" (toilettes pour les intimes) est également en un état parfait, propre et agréable a l'utilisation... ce qui est également un détail très important quand on parle d'espaces publics!!!

Mais, parler de choses si superficielles me semble être une hérésie. Car ce qui est l'âme de ce restaurant, c'est sa cuisine; et, je dirais, l'enthousiasme du chef, ainsi que du personnel qui propose et sert les spécialités de façon très discrète et professionnelle, avec un petit sourire, et affichant une présence de tout instant! Oui… je n'ai vraiment rien a redire côté service, d'ailleurs, je pense que beaucoup de restaurants et d'autres lieux devraient venir ici pour apprendre sur l'art de servir - un art qui est ici vraiment effectué de façon modèle.

Et que dire des plats? Salades, plats avec l'assortiment habituel présentant le mézé... Seulement? je suis tombée amoureuse d'une sorte de mariage de canapés et bruschettis si simples et pourtant si doux pour le palais... Et si le choix de grillades était parfait, que dire de la dinde grillée puis gratinée dans une sauce de roqueforts avec une espèce de pâtes appelées "mlinci"? Chaque bouchée était paradisiaque.

Bravo pour le café aussi, qui arbore un vraaaaaaaaaaaiii goût d'espresso, sans oublier les boissons... et le champagne! Il s'agît d'un article très cher par ici, même quand il s'agît de vins mousseux d'autochtones, souvent proposés à la place du champagne, mais "Violeta" ne joue pas avec ses clients: ici, c'est du vrai. Un bon Moet&Chandon de bonne année en plus qui a su ravir même les copains qui ne boivent que l'eau de vie et qui d'habitude contournent ce genre de boisson. Pour ma part, j'étais ravie... sachant que trouver du bon champagne à Belgrade relève d'un exploit… si l'on n'a pas de l'argent à jeter par des fenêtres. Et savoir que côté boissons alcoolisées… je ne prends qu'un verre de vin blanc ou champagne (le vin rouge serbe est bon mais trop sec à mon goût), de temps en temps… et que bières et autres alcools "forts" ne sont vraiment pas mon truc….

Et que dire encore?
Bien qu'on peut dire que les plats a la carte ne sont pas donnés, il y a quand même des combinaisons tout a fait abordables. Quand j'avais regardé le site officiel, voulant ajouter ce restaurant pour pouvoir le présenter j'ai trouvé des menus de midi/soir tout a fait acceptables. Et quand on parle des plats a la carte, je pense que chaque dinar est bien dépensé!

N'ayez pas peur de vous perdre dans les petites rues autour du marché Kalenic. Ceci est un endroit qu'il faut absolument visiter et vivre sa magie au moins une fois... oh que oui!

Et BRAVO à Monsieur Kojo, ainsi qu'à son équipe, je reviendrais certainement !

Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, toutes les infos sont ici :)!