jeudi 16 juillet 2009

SVIBOR-retour au Moyen Âge


Depuis que je suis (re)venue vivre à Belgrade, je n'entendais que du bien de cette manifestation, qui a tout l'air d'être une tradition désormais bien ancrée, et surtout... vivante... dans son effort de réveiller les temps passés. Ce qui me paraissait toujours très attirant aussi, c'était le fait que tout cela se passe bien dans la Cité basse de la forteresse Kalémegdan... en réalité, au lieu même où de réels tournois étaient organisés en cours du 15ème siècle, vraisemblablement pour amuser un peu le Despote Stefan.

Kalémegdan est, comme j'ai du le dire, l'oasis de verdure des belgradois... et pas seulement. C'est la Cité témoin de l'histoire, celle qui naissait de ses cendres, et toujours fière, surplombant le confluent du Danube accueillant la Sava dans ses bras. Parlant de l'histoire, il n'est, d'ailleurs, pas mal de rappeler, que finalement, malgré le fait d'être le berceau de ce que deviendra la capitale de la Serbie, cette forteresse,l'Alba du début, la Singidunum romaine, ou encore Kalé-megdan (le champ de bataille)... ne fut que très peu et réellement serbe. En effet, ce fut le Despote Stefan, celui qui fit construire la majestueuse tour du Despote sur la ceinture intérieure des remparts, qui fit de Belgrade la capitale, renonçant au Sud du pays, jusque là prisé... et proche du Kosovo, où la nation naquit. De ce que l'on peut trouver dans les sources historiques, la ville forte était une ville prospère, la Cité haute était remplie de maisons en bois des commerçants et autres artisans... et tout allait bien dans le meilleur du monde... jusqu'au prochain assaut, et une prochaine passation de pouvoir. En attendant, et quand il n'y avait pas de guerres, j'imagine que le Despote devait bien s'ennuyer dans son château en pierre (sans parler de ses chevaliers), et il est facile à imaginer que des tournois furent organisés... pour que le temps passe plus vite - faute de télé et de divers Zuma, GP ou encore trivago!

Trêve des temps médiévaux... passons au 20...et 21ème siècle. Il faut dire que jusqu'il y a peu, il ne fut pas très politiquement correct d'être fier d'être issu du peuple serbe, et de ce fait, il n'y avait que très peu de gens, surtout quand il s'agît de jeunes, qui connaissaient ces parties de l'histoire, bien antérieures au "glorieux passé" partisan du Maréchal Tito. Les temps embrouillés qui s'ensuivirent, rajoutèrent encore plus à ce sentiment de perdition, et finalement, ce n'est que très récemment qu'un groupe de jeunes enthousiastes se mit à redécouvrir le passé chevalier et moyenâgeux de ces contrées. Des recherches, des fouilles firent ressortir des armes, armures, costumes typiques... et petit à petit, quelques gars se mirent à s'entraîner dans les arts martiaux moyenâgeux... joignant ainsi un mouvement européen déjà existant. Le résultat de tout cela, du moins au niveau local, est le SVIBOR - ce qui veut dire "Srpsko viteško borenje" - l'art martial chevalier serbe... ainsi qu'un Tournoi, traditionnellement organisé tous les étés dans la forteresse, auquel, chaque année, diverses nations viennent prendre part.


L'on y accède facilement. Et de plusieurs façons, tant qu'on y est. L'on peut, par exemple, opter pour le tramway 3,5 ou 10, descendre au terminus, le contourner et hop... en longeant la route départementale, l'on tombe direct sur une jolie ancienne porte... c'est la porte de la Cité basse. Ça c'est pour faire très simple, ou si l'on n'a pas de temps. Mais, cela veut dire aussi perdre beaucoup, car arriver du côté de la Zindan Kapija est un pur moment de plaisir. Pour cela, il faut prendre le bus ou le tramway... ou encore se balader à partir de la rue Strahinjica bana, prendre l'entrée de Kalémegdan à côté du Zoo, et monter un peu. Une fois arrivés devant la Zindan Kapija (il est impossible de se tromper, elle est unique), il faut tourner à droite (comme quand on va visiter les églises Ruzica et Sainte Petka) et le tour est joué, sans parler qu'on bénéficiera alors des vues superbes sur la Cité basse entre les pierres, le confluent... personnellement... j'adore :o)! Bien sur, vu qu'il faut emprunter des escaliers authentiques... et très hauts, l'entrée basse est recommandée pour les poussettes ou les fauteuils roulants...


Le SVIBOR - ou comment le Moyen Âge peut quand même atterrir au Vingt-et-unième siècle...

Il faut bien le dire, j'ai failli ne pas y aller. Hé oui! et pour une raison très bête: la première journée des combats était froide et pluvieuse (bizarre pour un début de juin d'ailleurs)... et moi, fraîchement rétablie d'une grosse bronchite tendant vers un début de pneumonie... beuh... ce n'était pas vraiment le moment de tenter le diable. Heureusement pour moi et mon amie, ainsi que pour Stéphane - mini despote d'ailleurs à ses heures - le tournoi s'étalait sur tout le week-end... et, dimanche, le temps fut clément, bien que menaçant de temps en temps... ce qui peut se voir sur certaines des photos postées ici. Quoi que, perso j'adore, vu que ça permet d'avoir des photos aux couleurs magnifiques... j'adore le ciel d'acier sur les tours... ! Mais... je m'égare...

En arrivant du côté de la Zindan Kapija et des églises, l'on a d'abord été frappées par le fait qu'un véritable petit campement fut organisé et bâti juste à côté d'une "arène" qui, entre nous soit dit, ressemblait plutôt à un enclos entouré de grosses poutres. Mais... faut pas être embêté par les détails, comme les fanfares typiquement Occidentales, ou cette malheureuse bouteille de Sprite atterrie par miracle parmi les chevaliers... à oublier aussi une buvette mobile et ... des sanitaires de camping posées dans un coin pour l'occase... s'il est bien de s'immerger dans le Moyen Âge, autant le faire sans odeurs qui allaient avec :o)))!

Bon abstraction faite des trucs trop "quotidiens"... l'on est quand même happé par l'atmosphère. Et devant la palette vivace et richement colorée de ce décor grandeur nature, l'on en vient à oublier très vite le fait que ce n'est qu'une infime partie des gens qui est habillée "à l'ancienne"... et que ce copain en jeans de la petite princesse roumaine n'a rien à chercher par là. Tout devient naturel. Le campement, avec les dépôts d'armements et d'armures, épées piquées dans des tas de paille, un casque par ci, une armure par là... des chevaliers qui font un petit somme ou se préparent pour le combat suivant... Et tiens, encore ces jeunes ecuyers - deux d'entre eux interdisent l'entrée au campement aux visiteurs du futur... si ce ne sont pas quelques petits futurs chevaliers, bien en jeans mais avec une épée en bois... Saisissante aussi cette construction - enfantine et pourtant faite dans le même bois que ces armements de guerre - deux chevaux plutôt caricaturaux, sur une poutre qui tourne en rond... juste à côté du bélier qui servait aux assauts...

Les combats sont différents - combat à l'épée, tir à l'arc, tir de javelot, jeter une grosse pierre... se battre sur un gros tronc d'arbre... ou encore combat au javelot... et s'il vous plaît... bien réels! Nous avons vu, au cours de ces quelques heures (car l'on ne voit pas vraiment le temps passer), plusieurs bleus et coupures... et même un chevalier ayant le genou bandé - il a du faire une mauvaise chute le jour d'avant. Ce dernier passait son temps à dodoter dans la paille, ou à se balader, en s'appuyant sur une gigantesque hache... les blessés devaient faire ainsi par le passé? Et faut dire... il faut beaucoup d'entraînement pour éviter des coups vraiment sérieux... dans l'un des combats la lame "touchant" le casque provoquait des étincelles, dans un autre, fallait bien résister, sur un tronc, tout en étant rué de coups par son adversaire... faut aimer aussi :o))))... c'est peut être là qu'on voit vraiment qu'il s'agît des enthousiastes...!

Le temps entre deux combats étaient remplis d'animations: petite école pour les mini-chevaliers, chants moyenâgeux, acrobaties... ça fait un peu cliché, mais en effet, l'on aime bien imaginer que c'est comme ça que ça se passait... avant.

Et ce qui est rigolo?
Nous sommes venus y jeter un coup d'oeil... rester, disons une heure ou deux... finalement, nous sommes arrivés à 13h et partis à 18h... et ce n'était même pas terminé! Et faut bien le dire... nous n'avons pas vu le temps passer :o) Du coup, à partir de maintenant, je pense que je vais bien guetter le prochain tournoi, car je trouve ça franchement très sympa - et mon fils a adoré aussi! Il était même dégoûté de ne pas avoir mis SON costume de chevalier... (un accoutrement de mousquetaire avec une espèce de truc en laine qui couvre l'enfant de la tête au pied, avant de mettre les armures et le reste... même pas besoin de dire qu'il en serait mort de chaud dedans, quelle horreur!)... en tout cas... ce fut une jolie journée, une belle immersion dans le temps passé... et... je le recommande à toute personne qui se retrouverait à Belgrade au début de l'été :o).

dimanche 12 juillet 2009

Promesse d'une soirée parfaite

Il s'agit du restaurant, a côté duquel je suis passée plusieurs fois, dont le tableau m'avait attiré, mais dans lequel je n'entrais pas, menée par mes propres choses a faire, puis le temps qui passe trop vite. Il fallait que se passe une retrouvaille avec de vrais amis, pour que je me décide de passer enfin a travers le portail ... passer une superbe soirée tout en faisant connaissance avec un endroit, qu'il ne faut, a croire de nombreux critiques, pas manquer une fois a Belgrade. J'ai eu l'occasion de tester... et oui! c'est a ne pas manquer!

Quand vous arrivez du côté de Pejton en trolleybus, il faut tout bêtement prendre la rue Simo Milosevic a pied et tourner a gauche en prenant la petite rue qui descend une fois arrivés au petit square. Bien sur, le mieux encore c'est de connaître le coin, mais même en arrivant du côté du marché Kalenic, c'est tout près! Bien sur, comme le restaurant se trouve dans un des vieux édifices, certains pourraient douter, mais heureusement, de très gentils passagers sont toujours prêts a donner de bonnes réponses! Dans mon cas, ça veut dire que je suis partie de ma maison sachant seulement que le restau en question est tout près du marché Kalénic et en sachant le nom de la rue... sans aucun indice en plus, vu que mon ordinateur était kidnappé et que je n'ai pas pu ouvrir ma carte...

Mais il faut reprendre dans l'ordre. Tout cela a eu lieu grâce a un groupe de copains qui a décidé, après 24 ans de notre école élémentaire, de tenter un truc quasi impossible: de réunir notre classe pour un soir. Organisé un peu a la va vite; tout a fonctionné a merveille pourtant, comme si l'organisation avait pris plusieurs mois - nous permettant de nous revoir, il y a deux jours, dimanche. Bien sur, nous n'étions pas au grand complet - certains nous ont, malheureusement, quitté pour toujours, d'autres vivent a l'étranger, mais même ainsi, les retrouvailles étaient plus qu'agréables.

Bien sur, avant de venir, je me suis un peu renseignée; et on m'avait dit que c'est l'un des endroits ou des "stars" se donnent rdv. Je dois avouer que j'ai tout de suite eu un peu peur d'une espèce de parade de "grandes stars d'une saison", du bruit et d'autres manifestations de kitch. Mais rien de tout ça en réalité! Je pense même que c'était notre table qui était la plus bruyante, bien que j'ai l'impression que les murs et les plantes ont fait que le son soit tamisé quand même - chose testée quand je me suis rendue a l'entrée du jardin d'été, d'ou je n'entendais plus du tout des sons venant de notre table, alors que les gens étaient en train de rire!

A cette bonne humeur a été; faut bien le dire, directement encouragée par l'ambiance du restaurant aussi, du jardin/terrasse ou l'on était assis - un jardin plein de monde, mais dans lequel, pourtant, on ne se sentait pas a l'étroit! Dans un coin se trouve une espèce de véranda ou se trouve une espèce d'ottoman couvert de cousins, et en face, des séparés, qui ne sont séparés que visuellement des autres clients. J'ai eu l'occasion de jeter un coup d'œil dans la salle, semi-souterraine, décorée de façon... hummm... ça me fait vraiment penser a un mélange éclectique de caves vinicoles dalmates et de vieux restaurants français... murs et étagères décorés de tableaux et photos en noir et blanc, quelques bibelots décoratifs... pas beaucoup, uniquement quelques uns - et pourtant la salle n'a pas l'air vide, au contraire! - on dirait qu'une lumière, un truc très positif et chaud ressort du tout. Quand on parle de différentes pièces, faut bien mentionner la "rest room" (toilettes pour les intimes) est également en un état parfait, propre et agréable a l'utilisation... ce qui est également un détail très important quand on parle d'espaces publics!!!

Mais, parler de choses si superficielles me semble être une hérésie. Car ce qui est l'âme de ce restaurant, c'est sa cuisine; et, je dirais, l'enthousiasme du chef, ainsi que du personnel qui propose et sert les spécialités de façon très discrète et professionnelle, avec un petit sourire, et affichant une présence de tout instant! Oui… je n'ai vraiment rien a redire côté service, d'ailleurs, je pense que beaucoup de restaurants et d'autres lieux devraient venir ici pour apprendre sur l'art de servir - un art qui est ici vraiment effectué de façon modèle.

Et que dire des plats? Salades, plats avec l'assortiment habituel présentant le mézé... Seulement? je suis tombée amoureuse d'une sorte de mariage de canapés et bruschettis si simples et pourtant si doux pour le palais... Et si le choix de grillades était parfait, que dire de la dinde grillée puis gratinée dans une sauce de roqueforts avec une espèce de pâtes appelées "mlinci"? Chaque bouchée était paradisiaque.

Bravo pour le café aussi, qui arbore un vraaaaaaaaaaaiii goût d'espresso, sans oublier les boissons... et le champagne! Il s'agît d'un article très cher par ici, même quand il s'agît de vins mousseux d'autochtones, souvent proposés à la place du champagne, mais "Violeta" ne joue pas avec ses clients: ici, c'est du vrai. Un bon Moet&Chandon de bonne année en plus qui a su ravir même les copains qui ne boivent que l'eau de vie et qui d'habitude contournent ce genre de boisson. Pour ma part, j'étais ravie... sachant que trouver du bon champagne à Belgrade relève d'un exploit… si l'on n'a pas de l'argent à jeter par des fenêtres. Et savoir que côté boissons alcoolisées… je ne prends qu'un verre de vin blanc ou champagne (le vin rouge serbe est bon mais trop sec à mon goût), de temps en temps… et que bières et autres alcools "forts" ne sont vraiment pas mon truc….

Et que dire encore?
Bien qu'on peut dire que les plats a la carte ne sont pas donnés, il y a quand même des combinaisons tout a fait abordables. Quand j'avais regardé le site officiel, voulant ajouter ce restaurant pour pouvoir le présenter j'ai trouvé des menus de midi/soir tout a fait acceptables. Et quand on parle des plats a la carte, je pense que chaque dinar est bien dépensé!

N'ayez pas peur de vous perdre dans les petites rues autour du marché Kalenic. Ceci est un endroit qu'il faut absolument visiter et vivre sa magie au moins une fois... oh que oui!

Et BRAVO à Monsieur Kojo, ainsi qu'à son équipe, je reviendrais certainement !

Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, toutes les infos sont ici :)!

samedi 11 juillet 2009

Le temps passe


Bien de temps est passé depuis mon dernier message - et des tonnes de choses à faire. Traductions, posts et actions... et ça y est, le grand projet a vu sa fin, et ça fait maintenant presque 4 mois que la plateforme trivagoSerbie vit aussi, et je sais que c'est en partie grâce à moi. Quel bonheur de le savoir! A presque quarante ans, ayant renoncé à un travail (décent) en arrivant ici à Belgrade, savoir qu'on vient de toucher le gros lot en ayant travaillé de soi même, quelle fierté! et une bonne bouée de sauvetage aussi.
Je compte reprendre petit à petit ce blog, en espérant que le temps ne me manquera pas - histoire de dégourdir les doigts... et l'esprit.